jeudi 30 juillet 2015

MATTARANA



Pour quitter San Lorenzo direction Est, tout en restant sur la crête, il n’y a pas d’autre moyen que de prendre la V ia Aurélia - une fois de plus. Mais heureusement, sur cette étappe, elle n’est pas trop frenquentée, vu que l’autoroute qui se trouve à proximité prend la relève et attire le plus gros trafic.

La marche jusqu’au prochain village, Matterrana, est presque un peu comme sur une petite route de compagne. Avec plus de cyclistes qu’autre chose sur l’asphalte. Il y a d’aileurs un vieil homme à vélo qui me suit, en faisnat tout le temps demi tour pour passer et me re-dépasser. Il ne me salue jamais, mais me sourit de manière bizzare. Ca devient un peu agaçant à la logue.

Une fois arrivée à Mattarana, je me précipite vers le restaurant. Je me présente au public du lieu et tout de suite, deux dames se chargent de moi. L’une me paie un café et met tout en oeuvre pour me trouver un lieu de bivouac. L’autre l’assiste.

Ce n’est pas si simple. Nous sortons du restaurant pour aller vers un banc où sont assis les anciens du village Eux ne sont pas enclins de m’accueillir. Ils ont peur que Gamin salit leur terres. “Vous allez prier à l’église mais ne vous ne voyez pas quand la lumière arrive dans votre patelin” crie l’une de mes nouvelles amies. Je suis assez surprise de son choix de mots.
“Elle fait un un pèlerinage! Pour Aldo Moro!” ajoute l’autre dame.

Oh, Aldo Moro, c’est bien... je vois que les vieux commencent à basculer. Les dames n’ont pas la patience d’attendre un évuentel changement d’avis. Elles vont à la mairie pour demander si je peux camper dans le parc municipal.

Entre temps, j’attends et une autre vielle dame arrive et me propose de venir chez elle. Mais voilà, je ne voudrais pas partir alors que les deux autres dames sont en train de négoicier pour moi.

Finalment, elles reviennent. Oui, c’est bon, je peux camper dans le petit parc. Je remercie de tout coeur, d’abord  la plus agée. Les larmes lui montent aux yeux, elle se retourne et me dit “Priez pour moi” et  puis elle s’en va.
L’autre dame me confiera plus tard qu’elle n’a jamais entendu son amie utiliser une phrase si forte.

Bientôt, le village entiersemble être convaincu qu’une pellegrina pour Aldo Moro se dit d’être soutenue ; on m’offre à manger, une pizza, des pâtes et des fruits. Bien davantage que je ne peux manger.


Vue après avoir qutté Mattarana au petit matin

mardi 28 juillet 2015

Art d'En Route: La Canicule


La canicule en ces jours - ou plutôt semaines - est insupportable et même les désincarnés ont soif.

samedi 25 juillet 2015

La vie de château

Les jours suivants, nous progressions vers le Sud-Sud-Est et lentement, la boucle pour entrer dans la botte de l'Italie se faisait.
Nous trouvions facilement des lieux de camping: Un pré près d’un hameau, une aire de jeux, une petite place dans le bosquet d’un particulier -  en général, c’est vers midi que j’ai pu monter la tente. La marche dans le paysage de plus en plus ouvert aurait pu être un pur bonheur sans cette énorme chaleur. En général, vers 7 heures, il fait déjà 24 degré. Puis, le thermomètre monte tous des quart-d’heures d’un moins deux degrés.


Vue depuis ma place de camping sur la petite aire de jeux à Cardini

Enfin, nous nous approchions de Deivi Marina. J’ avais choisi cette petite ville de la côte pour m’y faire envoyer une ou deux bricoles en poste restante. Sur Google maps, le lieu me paraissait d’une taille convenable : Assez grand pour héberger un bureau de poste ouvert pour plus d’une demi-heure la semaine et tout de même assez petit pour conserver une ambiance rurale.

La vue du haut des montagnes me rappela en mémoire que Gogle maps ne représente pas forcément la réalité. La zone était bien plus urbaine que prévu et les montagnes qui assiègent le lieu comme les murs d’une forteresse sont d’une raideur aiguë.

Je serais bien restée sur la route de la crête pour continuer vers le sud, laissant Deivi de côté - mais il fallait récupérer l’envoi postal.

Une fois arrivée en bas, la révélation : Je ne me trouvais pas à Deivi, mais dans le patelin voisin : à Moneglia
Pour aller à Deivi, il faut traverser un horrible tunnel, trop dangereux pour l’âne et de toute manière, interdit aux piétons”, me disait une dame.

Alors que faire? La petite foule qui m’entourait avait vite trouvé la solution :” Vous pouvez camper sur mon pré, et on vous amène à Deivi en voiture”

Une proposition généreuse et très alléchante. Marché vu, marché conclu, trente-six fesses font 18...” enfin, vous savez.

Je prenais Gamin pour suivre la propriétaire du pré. Celui-ci se trouvait caché à l’arrière d’un petit bosquet, accessible par un étroit chemin et un petit pont.

Et voilà que du coup, Gamin joue la bourrique têtue : il bloque.
Pas moyen de le faire traverser le pont. Je m’enèrve. Cet âne a pourtant franchi des obstacles bien pires! Je tire sur son licol, mais il se met à ruer. Refus total.
Je demande si il y a un autre chemin d’accès sur ce pré. Eh non !  Aucun.

Notre lieu de camping s’évapore parce que cet âne de Satan refuse de faire les deux mètres de plaques-grillage qui forment le sol du pont.

Je rappelle aux chers lecteurs qu’on a passé le grand pont du Var et le Barrage d’Arras ! On a traversé le col de Rousset sur le Vercors et on a fait l’Alta Via version brutale. Et voilà que le baudet se dégonfle devant ce petit truc de rien du tout ?
Je n’en revenais pas.

On revient sur la rue. Je demande à la dame qui m’a proposé de m’emener à Deiva, si elle peut toujours le faire, pendant que j’attache Gamin quelque part. Ainsi au moins, j’aurai récupéré mon paquet et pour le camp de nuit, on verra après. Elle est d’accord.

D’abord on essaie d’attacher Gamin à un arbre en bas d’un talus, mais là encore, il refuse d’ y aller. Alors on finit par l’attacher à une clôture de fer près d’une maison inhabitée. (heureusement)

En voiture, je m’aperçois que ledit tunnel est vraiment un cauchemar claustrophobe ; étroit, à sens unique, avec des parois en rocher brut, la chaussée pleine de trous. Si vous connaissez le Tunnel de Sainte Marie aux Mynes en Lorraine - voilà, c’est ça, mais en pire...

Arrivées sur les lieux du bureau de poste à Deiva, c’est une autre mauvaise surprise qui nous attend : L bureau de poste est fermé pour cause de travaux. Le “service” est assuré par un guichet-bus. Au moins 15 personnes attendent leur tour. Et au guichet, on est pas pressée. Parlotte privée, comme si il n’ y avait aucune file.

La dame qui a fait mon chauffeur n’a pas éternellement le temps. Elle doit aller chercher son mari à la gare qui revient de l’hôpital. Comme je vois bien que je ne passerai pas avant au moins une heure, je résigne. Je rentre avec elle à Moneglia, sans récupérer de paquet. Un tour pour rien.

Revenue sur les lieux où on a attaché Gamin, une autre mauvaise surprise : l’âne est totalement débâté, mes affaires gisent sur le sol. Un monsieur explique : “On a du le faire, car il avait paniqué et il a démoli la clôture. En effet: La barre de fer est arrachée. Encore une fois: Je reste bouche ouverte devant cet âne que je ne reconnais plus. Pendant que je le rebâte, on me conseille de remonter la montagne pour camper près de la petite église de San Lorenzo.
Bien, très bien. Le plus vite qu’on sera sorti de la ville, mieux ça vaudra.

Je quitte avec la mauvaise sensation que ceci fut mon premier jour de malchance prononcé. Rien que des échecs, rien que des emm...
Bon, il fallait bien que ça arrive en cours de route, mais j’ai quand même peur. : Aldo m’aurait-il laissé tomber ? Qu'ais je fait pour le contrarier ?

Nous arrivons sur la crête et je m’installe dans un petit bois d’oliviers. Le terrain n’est pas très plat. Je vais dormir comme sur le Titanic cette nuit, mais tant pis.

La tente plantée, je me rends près de l’église pour m’asseoir sur un petit banc afin d’y dessiner un peu et travailler sur l’ordi. C’est alors qu’une voiture s’arrête et deux personnes, une femme et un homme descendent.
Il est à vois vous le petit âne dans le bois?

Je sursaute. Ce doivent être les propriétaires du terrain et ils viennent pour me chasser...m’envoyer les carabinieri au cul. Manquait plus que ça, c’est vraiment une journée pourrie !

Mais non...Les deux personnes se présentent à moi comme étant des habitants du coin. “Les gens de la ville m’ont apellé pour me faire part de votre existence et de me demander de voir si vous et l’âne allez bien” m’explique la dame. Et “J’ai aussi des chevaux. Vous pouvez venir camper chez nous.

On parle, on discute. Paola regarde les pieds de Gamin, malatrîtés par les taons. Je lui explique que normalement, une fois la tente dressée, je ne la démonte plus le même jour...Mais bon, si c’est pour rester un jour de plus, faire la journée de repos, alors là, c’est autre chose.

On déménage. Sur le magnifique domaine de Paola où résident ses chevaux et ses chiens. Et un âne.


Et un chat !

Paola a la vraie passion des chevaux. Et de la randonnée à cheval. Avec son compagnon de voyage, Ricardo, elle voyage dans le monde entier pour pour découvrir les pays les plus exotiques -  en selle! Une vie équestre de rêve.

Son autre grande passion est la protection d’une harde de chevaux sauvages qui vit dans un coin perdu de la Ligurie. Avec ses amis, elle lutte pour que le conseil régional de la Ligurie reconnaisse cette harde en tant que patrimoine naturel local.

Voir la Pétition

Elle organise égalment des excursions de “horse watching” dans l’Avetro, permettant aux visiteurs d’aller observer ces chevaux dans leur vie en liberté.


Piscine,chambre Vue enchantée sur la mer - je commence comprendre pourquoi Gamin a bloqué devat le pont. Il s’est peut être dit: “Pourquoi aller camper dans la m.. Alors qu’on pourrait avoir la vie de château?” ;)



Vue de la terrasse

Gamin a d’ailleurs profité de soins contre ses piqûres causées par les taons et du repos dans un box.

Le lendemain, Paola et Ricardo m’emènent à la plage, au restaurant. Un bain dans la mer, une glace - c’est toujours tout mon bonheur. “Aujourd’hui, tu es notre invitée et tu auras tout ce que tu veux” m’ont ils dit. Rien que cette phrase fut déjà la réalisation de tous les vœux. Une journée de bonheur et de légerté, dont le souvenir restera à jamais une source de force en moi.

La Ligurie m’aura tout donnée: La dureté impitoyable de ses chemins de montagne mais aussi la générosité de ses habitants. Des jours de lutte et des jours de douceur. Un pays incomparable.

mardi 21 juillet 2015

Art d'en Route : La nuitée dans la montagne

La première nuitée dans la nature sauvage aux bords de l'Alta Via...Si, tout allait bien, mais comme c'était la première fois...voilà ;-)




lundi 20 juillet 2015

Des Noisetiers et des fleurs

J’ai un retard terrible dans la mise à jour de ce blog...C’est principalement dû  aux connexions 3G insuffisants, mais aussi à la fatigue. La chaleur rend le voyage trois fois plus dur qu’avant. Alors allons-y doucement, pour rattraper un peu...

Après la journée de repos au refuge des pèlerins à La Scoffera, je deçidais de quitter l’Alta Via à cet endroit même pour me diriger plus directement vers La Spezia, (sans l’intention d’y aller, bien entendu.) L’Alta Via fait un détour et il est important qu’on avance un peu et si possible dans la bonne direction.

Je longeais alors un chemin cyclopédéstre en alternation avec des bouts de Strada Provinciale. Le paysage commençait à changer. Les Montagnes autour de nous devenaient moins hauts et la vallée plus ouverte. 



Des forêts de bambou et de noisetiers dominaient la végétation. Le style des maisons changeait lui aussi _ un style plus “romain” me semblait-il. Un ambiance très spéciale qui me disait que la frontière vers la Toscane ne sera plus trop loin.


Les chances de trouver un endroit pour le bivouac augmentent tout de suite dans ces paysages ouverts. C’est en longeant la rivière de que je vis sur la gauche une grande jardinerie de fleurs, avec un beau pré attenant qui longeait la rivière. Un endroit idéal, si les propriétaires disent oui. 
Et en efet: La famille Corsiglia nous accueillt volontiers sur leur terre, Gamin et moi. Paolo, le fils m’apporta même une ralonge sur le pré afin de pouvoir connecter mon ordinateur et travaller sans regarder l’icône de la batterie en bas à droite ;-) On avait un échange et un entretien très sympa, et encore une fois je fus ravie par l’hospitalité, la gentillesse et l’ouverture d’esprit de ces gens qui aiment profondement leur pays.

Paolo prit quelques photos et me disait qu’il allait les envoyer à des journalistes, afin qu’ils fassent un article. Chose faite ! Quelques jours plus tard, il m’envoya des scans de deux articles parus suite à notre rencontre.


Un grand merci pour cette aide spontanée et pleine de gentillesse!


dimanche 12 juillet 2015

Une étape rude, encore une !

Après avoir fait les courses à Campomorone, nous nous dirigions à nouveau vers la montagne, à la recherche d’un lieu pour camper. 

Ce fut une des journées les plus chaudes de la canicule et la grimpette devint un vrai calvaire. Heureusement, une pancarte annoncant un centre équestre, éveilla mes éspoirs. Les clubs hippiques nous ont toujours bien accueuillis.

Et l’éspoir ne fut pas vain : Encore une fois, l’esprit cavalier s’épanouissait et venait à notre salut.

Eleonora, la gérante du centre, nous invita à entrer. “mais bien sûr que vous pouvez camper chez nous - et même y passer votre journée de repos.” Une proposition plus que bienvenue, car après 6 jours d’Alta Via sans interruption, Gamin et moi étions fatigués.

Eleonara est une vraie femme de cheval : Elle insistait pour donner une douche à Gamin, dans le but de le rafraîchir. Inutile de lui dire que les ânes - contrairement aux chevaux - détestent l’eau. 
Gamin eut droit à son lavage annuel. Sous le jet d’eau, il devint tout petit ; une espèce de boule de peur mouillée. 
Ensuite il a été mis dans un box, où, à mon étonnement, il se plaisait très bien. Il prit plaisir à croquer du foin.


Gamin au box

Les cavaliers qui ont leurs chevaux en pension chez Eleonara sont venus les uns après les autres et nous avons passé de très bons moments conviviaux ensemble. Une vraie petite famille.


Eleonora travaille son cheval sur la carrière 

Une jour plus tard, Gamin et moi nous reprendios la route. Le chemin que m’avait indiquée Google maps était assez plaisant, mais s’arrêtait peu avant le but - en pleine forêt ; détruite par un éboulement. Sans doute lors des gros intempéries qui ont saccagé la région de Gênes, l’an passé.

Aucun moyen de passer à côté ! Il fallait faire demi-tour. En tout, six kilomètres pour rien et pire encore, au moins deux heures de fraîcheur matinale de gaspillées.

Je remontais donc la route principale pour reprendre l’Alta Via, qui finalement, nous amena vers Miganego. Là, on me proposa de camper sur une petit aire de jeux en plein ville. Assez inhabituel et je ne me sentais pas vraiment à l’aise. Je m’attendais de voir les carabinieri se pointer devant ma tente à tout moment. 

Mais les habitants du quartier nous accueillirent très bien. Une voisine, Martina, m’apporta à boire et à manger, prit mon linge en charge et les appareils en re-charge. Quel service! Quelle gentillesse ! 
Une étape plus qu’insolite!

Le lendemain, retour sur l’Alta Via. Le chemin devint plus dur,  plus haut. Un petit sentier qui se faufilait sur les pentes aiguës de la montagne. Après des kilomètres de solitudes apparût une petite chapelle et quelques maisons. Je me décidais de l’arrêter à ce lieu pour la nuit. 


La chapelle de Sella est dédiée aux partisans. 

Au cours de l’après-midi, J’eus la visite e deux pèlerines françaises en route pour Assises qui passaient également par là. L’une après l’autre, elles firent une longue pause près de ma tente, puis décidèrent de continuer leur chemin.



Des fleurs partout 



Vue sur Gênes

Le jour suivant je terminais à mon tour cette étape pour arriver à Creto, où les deux pèlerines avaient quand à elles, passé la nuit. 
Il était encore tôt le matin, Gamin et moi en pleine forme et ainsi je fus confidente que nous pourrions maîtriser cette étape sans histoires en cette même journée. 



Galin à Creto, dans la cour de la Trattoreria 

Mais ce qui s’était déjà annoncé au jour avant - la dégradation successive de l’état du sentier, se poursuivait ici. Plus on montait, plus le chemin était étroit, caillouteux et en pente raide. Comme je ne voulais pas revivre l’horreur de la chute de Gamin dans la montagne près de Badalucco, je le débâtais avant chaque passage douteux. Passages qui se multipliaient. 

Enfin, après des heures de marche et surtout d’escalade, le sentier nous lâchait sur une belle piste large en descente douce. Enfin! Il était temps. Mais après dix minutes de marche gaie, le GPS me revela la cruelle vérité : Cette piste n’était pas la bonne!

Donc demi tour vers le le croisement. Croisement? Le quel? On n’avait vu que cette piste, après tout. 
Revenus sur les lieux, je vis les balises “AV” qui pointaient en montée raide vers une prairie de montagne, parsemée de rochers. Le sentier, pas plus épais que deux mains à plat, pouvait à peine être deviné dans l’herbe haute.  


Les crêtes 

Tant pis! Il fallait le faire. La montée était d’une raideur extrême. Gamin tombait plusieurs fois sur ses genous et rampait plus qu’il ne grimpait. 

Et moi j’avancais à quattre pattes, de toute façon. Il était clair: L’Alta Via voulait nous entraîner à tout prix droit sur la crête. Vue panoramique splendide et à couper le souffle, sans aucun doute. Mais fatigués comme nous l’étions nous n’avions guère plus les yeux pour aprécier le décor. 

La traversée des crêtes dura deux, trois heures. Ça n’en finissait plus. Enfin, la descente commençait. Encore plus raide que la montée et en passant par des rochers infranchissables !



Trop raide! 

Je débâtais Gamin et on se frayait un chemin à travers la brousse pour contourner ce passage. Fatiguée, je fis de plus en plus d’erreurs, mettais les pieds là où il fallait pas - ce qui avait pour conséquence de me retrouver dix mètres plus bas, là où il ne faut pas non plus. Bosses et bleus se multpliaient.

Il y avait eu le moindre carré plat, j’aurais tout de suite planté la tente pour le bivouac de nuit. J’ai vraiment l’habitude de dormir dans les orties. Mais ici -  pas moyen, pas la moindre place. 
Il fallait tenir jusqu’à la fin de l’étape.

Enfin, la dernière descente, vers le village de La Scoffera. La plus raide. Les derniers 5O mètres...Un espèce d’escalier, - ou disons plutôt échelle collée dans la montage, précédée de trois rochers hauts er pointus. Impossible pour Gamin!

Plus bas, vers la droite, sur le balcon d’un immeuble, des gens nous observaient avec curiosité. 
“Il y a un autre chemin pour descendre ?” Leur criais-je.
“Non”
J’essaiais quand même de faire le tour. Mais c’était vrai. Aucun autre chemin ne mène vers le bas. Alors il ne resta plus qu’à débâter Gamin et espérer qu’il va se faire pousser des ailes.

Je me tâtonnais vers le bas. Miracle ! Gamin prend les deux premiers rochers. Mais le troisième est le pire, car en dessous, avant d’atteindre les marches, il y a une espèce de trou vertical. Je passe, Gamin me suit - et glisse. 
Il glisse vers l’avant, me percute comme un éboulement de rochers qui me cogne dans le dos - et je suis projetée vers l’avant. Je tombe, culbute et glisse 20 mètres vers le bas.  
C’est comme avec les avions; ça finit toujours par atterrir, la question est juste comment.

Mon portable sonne dans ma poche et les gens de l’immeuble me demandent “ça va ? Vous vous êtes fait mail?”
“Oui”
“il faut appeler l’ambulance ?”
“Non, non”. Ca y est, je me redresse. Gamin a réussi à descendre lui aussi et broute à dix mètres de moi. Je rampe vers lui, saisis la longe et me me remets douloureusement en position verticale. 

On a terriblement soif, c’est ce que je dis aux gens sur le balcon. Ils veulent bien nous donner à boire, mais ont la flemme de descendre dans la rue. Alors ils prennent une corde avec un crochet, auquel j’attache le seau de gamin. Il est monté, rempli d’eau et on me le refait descendre de cette manière. Une bouteille d’eau fraîche pour la maîtresse de Gamin est acheminée par le même système.

On me conseille d’aller voir l’église, car il y aurait un refuge pour les pélerins. Enfin une bonne nouvelle! Je saurais expliquer que je suis peleggrina moi aussi, même si “mon” saint n’en est pas un.

Sur la route je rencontre à nouveau les deux pèlerines françaises - ensemble, cette fois. Oui, elles logent aussi au refuge. Elles m’emènent avec elles et me disent de me reposer pendant qu’elles préparent à manger. Une proposition acceptée sans objection. 

Depuis que je suis en voyage, je n’avais jamais eu *autant* mal au pieds. Tout tournait autour de moi et en me les massant, les larmes me vinrent aux yeux. 

Les deux pèlerines, qui ont pourtant fait le même parcours ont bien meilleure mine.
“C’est parce que on est parties de Creto, alors que toi, tu devais faire le chemin depuis cette chapelle où tu as dormi jusqu’à Creto en plus” essayent elles de me consoler.
“Et nous, on avait pas d’âne auquel il fallait faire attention.”

C’est gentil, mais je je sais bien que la triste vérité est je n’ai pas la force physique des autres. L'étape Creto - Scoffera m’a montré mes limites absolues à ne pas dépasser sous aucun prétexte.

Alors que les deux pèlerines poursuivent la route au lendemain, je décide de faire une journée de repos au refuge. Gamin en sera reconnaissant lui aussi. Il s’est battu sur cette sacrée montagne en brave véritable !

Au cours de la journée, un autre pèlerin français arrive. Lui aussi sur le chemin d’Assise. Il confirme la dureté de l’étape.
Oui mais, lui, en un jour, a fait celle ci -  et deux autres. 40 Kilomètres en tout ! Je tombe de nues. D’accord, c’est un ancien militaire, mais tout de même...Je me sens très petite.

Fort heureusement, ce pèlerinage n’est pas une course. Je serais dernière, comme d’habitude.

jeudi 9 juillet 2015

Art d'en Route : Les traces célébres

Un autre dessin de fini.
Eh oui ! Pas seulement en France, on trouve la "route Napoléon". Certains endroits en Ligurie respirent l'histoire. La bataille de Monte Rosso par exemple. E suivant l'Alta Via, on passe souvent par des lieux historiques de l'ère napoléonienne.

La rivalité des esprits ... ;-)

mercredi 8 juillet 2015

Art d'En route: Photomania

Surtout dans les villes, Gamin attire les regards et le premier réflexe des gens est de saisir leurs portables et tablettes pour nous prendre en photo. Pour quelqu'un comme moi, qui a toujours haï d'être pris en photo, un rude épreuve.


vendredi 3 juillet 2015

Alta Via, le sentier entre ciel, terre et mer

Depuis une semaine, Gamin et moi suivons cette “autoroute des trekkeurs” qu’est l’Alta Via dei Monti Liguri. 



"La forêt de Napoléon" Une forêt reste presque intacte depuis le temps de la Bataille de Monte Rosse

Le chemin mène à travers des paysages tout simplement spectaculaires. Il est rare que nous devons longer une route goudronnée. Sauf pour faire le raccord entre deux sentiers de montagne.



Les Montagnes Liguriennes

Il est vrai que les sentiers sont pour la plus part bien entretenus et bien balisés. Il y a des exceptions néanmoins : Surtout sur des carrefours à multiple senties, le balisage est absent. Juste là, où il le faudrait le plus. Comme les sentiers sont souvent presque parallèles, même le GPS n’est pas vraiment une aide. Il ne reste alors plus qu’à “tester” chacun d’eux pour voir, si le tracé du GPS continue à matcher ou si il faut faire demi-tour.



Crépuscule sur la crête. Passer la nuit dans la nature sauvage est passionant et effrayant à la fois.


Mais malgré tout, c’est toujours mieux que de se faire écraser tôt ou tard sur la Via Aurelia le long de la côte. 

En suivant l’Alta Via, on peut rester des jours entiers dans la nature sans rencontrer presque personne. C’est un avantage mais aussi un inconvénient. Car la capacité de portage de Gamin ne va pas au delà de 5 Litres d’eau, donc la ration pour une nuité. Et tôt ou tard, les batteries des apareils sont à plat et le sac de provisions est vide. Nous avons donc dû quitter l’Alta Via à la fin de l’étappe 22, pour aller faire un détour à Campomorone. Un Bancomat pour retirer des sous, un magasin pour acheter des vivres et une pharmacie - La civilisation nous a de retour.

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La nuit est tranquille. Seuls se font entendre les cris rauques des brocards et le grognement des sangliers.


Gamin